Tu crois toujours que je ne t'aime pas, que je ne t'aime plus... Je pense surtout que je ne sais pas te montrer combien je tiens à toi, combien tu es la personne la plus chère à mes yeux avec Maman.
Comment vivre si tu n'étais pas là? Oui, j'agis mal, je te crie dessus, je ne suis pas douce comme toutes les soeurs mais tous les enfants se disputent...
Je suis en troisième année, tu souhaites tellement que je réussisse. Quel bien cela me fait quand tu m'encourages, quand tu m'aides, quand tu me dis que ce que je fais est bien, quand tu me montres que tu es fière de moi. Je m'en fous de tout ce qu'il y a sur terre, mais je ne peux me moquer de ce qui te concerne. L'art, les garçons, les filles, les amis, la nourriture, les peluches. Tout est vain.
J'ai détesté comment tu m'as parlée aujourd'hui, évidemment je t'ai mentie, j'ai dit que cela ne me faisait rien. Mais bien sur que ca me fait mal! Tout ce qui te touche peut éventuellement me blesser car tout ce qui se rapporte à toi m'émeut. "Je lui ai raconté tout ce que tu me fais subir". Alors quoi? Alors quoi dis-le! Je te frappe? Non. Oui, je te parle mal, oui, je me comporte mal avec toi. J'essaie de souvent faire des efforts. Je sais que je suis une personne pas toujours agréable, même rarement. Quand je suis stressée, ça ne va pas. Il y a des choses que je ne t'ai pas dites, il y a des choses que j'aurais pu te dire mais que je n'ai pas réussi. J'ai recommencé à faire des crises d'angoisse, dernièrement, j'en ai fait une dans le métro. Si je le disais, Maman voudrait que je retourne me faire soigner sauf que je ne veux pas. Je suis comme toi, des fois, je n'ai juste pas envie d'être face à un docteur. Mon stress est incontrôlable, il me pourrit vraiment la vie. Je peux ne pas dormir pendant des heures car je demeure anxieuse. Mais toutes les raisons, je les connais. Comme toujours, j'évoque des circonstances, mais je n'ai pas d'excuses. Je ne te demande pas pardon car je sais qu'il est trop tard. Tu es trop rancunière pour oublier le mal que je t'ai fait hier.
Nous menons toujours la même vie mais je t'aime à l'infini.
Léon Spilliaert, La Buveuse d'absinthe, 1907, Collection Particulière
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