samedi 1 novembre 2014

Jeux d'enfants

Si jeunes, si insouciantes. 
Nous jouions comme des grandes sans avoir dépassé l'enfance. Je t'aimais sans le comprendre. 
Comment réaliser à cet âge, lorsqu'on a toujours été attirée par les garçons, qu'on puisse aimer une fille? 
Nous avions quinze ans, ce bel âge adolescent.

           La première fois que je t'ai vue, nous rentrions en sixième. Ma mère connaissait ton père, je te l'ai signalé et ta réponse fut glaciale. Tu ne restais qu'avec une seule personne, une fille que je n'aimais pas. Tu semblais particulièrement effacée, avec assez peu de personnalité. A la fin de cette première année scolaire, tu étais déjà ma meilleure amie. Nous avons commencé à beaucoup nous fréquenter. Tu dormais chez moi, je dormais chez toi, je passais des jours entiers à tes côtés, tu venais m'épauler, je mangeais avec toi, tu dinais près de moi. Nous parlions sans cesse.
           L'année d'après, nous avons eu notre première dispute. Rien de grave. M nous a réconciliées. Je le vois encore tu sais, il est mon meilleur ami. Il ne réalise pas toujours ce que nous avons vécu toutes les deux, dans cette bulle secrète. 
           Tu m'as fait rire si souvent, tu m'as tellement fait sourire. Notre relation était presque exclusive pourtant nous étions meilleures amies. 
           Et puis, nous sommes arrivées en troisième, l'année où on se cherche, l'année de la découverte. J'étais amoureuse d'un garçon et toi aussi, alors voilà, notre relation semblait normale. Pourtant, tout le monde pensait que nous étions ensemble. Tu me tenais la main, nous nous faisions des bisous et tu restais toujours assise sur mes genoux. Un jeu, le début de ce fameux jeu si excitant auquel nous avons cédé. 
           L'été fut fort. Très fort. Tu es partie pendant un mois aux Etats-Unis. Tu me manquais horriblement. Je me souviens des mails que tu m'écrivais, ils étaient beaux, ils étaient forts. J'avais toujours peur que tu m'oublies, peur qu'il t'arrive quelque chose. "Bisous je t'aime aussi plus que toutes les choses qu'il existe. Tu me manques horriblement". C'était tes mots. 
           L'arrivée au lycée nous a complètement bouleversées. Pour la première fois, nous étions séparées. J'avais du mal à vivre sans toi, à ne pas te voir tous les jours. Tu avais rencontré d'autres personnes et je sentais que tu me remplaçais. 
           Mais un lien plus fort nous unissait. Tu m'avais confiée ne pas aimer que les hommes. M a toujours pensé que tu m'aimais. Il avait peut-être raison mais sache aujourd'hui que cet amour était partagé. Nous avons accéléré ce jeu si étrange, il n'était plus du tout aussi insouciant. Quand nous allions au cinéma, nous avions des gestes tendres dans la pénombre, à l'abri des regards. Tu me disais toujours "Ne dis rien à personne, cela reste entre nous, c'est notre secret." Parfois, tu m'embrassais pour me dire bonjour. Je n'étais pas d'accord et tu le savais, tu aimais vraiment me provoquer. Cette année-là, nous sommes allées beaucoup trop loin, nous avons franchi la limite du franchissable. Nous n'étions plus que de simples amies. Nous avons couché ensemble. C'était fort, c'était doux, c'était la première fois. Quelques temps avant nous avions eu une dispute, une dispute si forte que j'avais cru te perdre pour l'éternité. Cet acte faisait office de réconciliation.            Enfin, nous nous sommes vraiment perdues. Pour toujours. La dispute fut si horrible que je l'ai occultée. Je me rappelle juste que tu m'en voulais de fréquenter un garçon, tu m'en voulais car notre relation était autre chose qu'une amitié mais nous ne l'avions jamais clarifiée. 

           Je n'ai pas été quelqu'un de bien avec toi pourtant je t'ai aimée comme je n'ai rarement aimé mais je n'étais pas capable d'assumer à cet âge. En effet, ta bisexualité m'intriguait. J'ai mis plusieurs années à reconnaître ces sentiments. Pendant près de trois ans, je suis restée avec R, mon premier amour masculin. Je l'ai aimé d'une force incroyable et je pensais pouvoir rester avec toujours. A ce moment-là, j'essayais d'oublier notre histoire. Pourquoi aurais-je aimé les filles puisque j'étais si bien avec un homme? 
           Cet été, j'ai réfléchi. Comment cela se faisait-il que je sois si attirée par certaines filles depuis ma plus jeune enfance? En quelque sorte, quelques années après, tu m'as aidée à faire ce coming-out dont j'avais besoin. 

Reviens.

Klimt, Deux Amantes, 1905

lundi 13 octobre 2014

C. W.

Tu crois toujours que je ne t'aime pas, que je ne t'aime plus... Je pense surtout que je ne sais pas te montrer combien je tiens à toi, combien tu es la personne la plus chère à mes yeux avec Maman. 
Comment vivre si tu n'étais pas là? Oui, j'agis mal, je te crie dessus, je ne suis pas douce comme toutes les soeurs mais tous les enfants se disputent... 
Je suis en troisième année, tu souhaites tellement que je réussisse. Quel bien cela me fait quand tu m'encourages, quand tu m'aides, quand tu me dis que ce que je fais est bien, quand tu me montres que tu es fière de moi. Je m'en fous de tout ce qu'il y a sur terre, mais je ne peux me moquer de ce qui te concerne. L'art, les garçons, les filles, les amis, la nourriture, les peluches. Tout est vain. 
J'ai détesté comment tu m'as parlée aujourd'hui, évidemment je t'ai mentie, j'ai dit que cela ne me faisait rien. Mais bien sur que ca me fait mal! Tout ce qui te touche peut éventuellement me blesser car tout ce qui se rapporte à toi m'émeut. "Je lui ai raconté tout ce que tu me fais subir". Alors quoi? Alors quoi dis-le! Je te frappe? Non. Oui, je te parle mal, oui, je me comporte mal avec toi. J'essaie de souvent faire des efforts. Je sais que je suis une personne pas toujours agréable, même rarement. Quand je suis stressée, ça ne va pas. Il y a des choses que je ne t'ai pas dites, il y a des choses que j'aurais pu te dire mais que je n'ai pas réussi. J'ai recommencé à faire des crises d'angoisse, dernièrement, j'en ai fait une dans le métro. Si je le disais, Maman voudrait que je retourne me faire soigner sauf que je ne veux pas. Je suis comme toi, des fois, je n'ai juste pas envie d'être face à un docteur. Mon stress est incontrôlable, il me pourrit vraiment la vie. Je peux ne pas dormir pendant des heures car je demeure anxieuse. Mais toutes les raisons, je les connais. Comme toujours, j'évoque des circonstances, mais je n'ai pas d'excuses. Je ne te demande pas pardon car je sais qu'il est trop tard. Tu es trop rancunière pour oublier le mal que je t'ai fait hier.

Nous menons toujours la même vie mais je t'aime à l'infini.



Léon Spilliaert, La Buveuse d'absinthe, 1907, Collection Particulière

samedi 16 août 2014

On ne cesse jamais d'aimer une personne qu'on a véritablement aimé.

Ce refrain quotidien,
Cette mélodie assassine,
Cet espoir du lendemain,
Douce voix féminine,
Tendre être passionné,
Cette histoire du passé,
Que je voudrais tant ressusciter.
Mon esprit ne t'oubliera pas,
Mon futur t'appartiendra.
Merveilleux souvenirs,
Qui ne peuvent finir.
Mon ange, réponds moi,
Ta colère hurle-moi,
Mais je t'en prie,
Ne me laisse pas ainsi,
Dans cet état léthargique d'incompris.


Yves Saint Laurent et Pierre Bergé

Folies douces

Le temps d'une nuit, le temps d'une vie, le temps d'une promenade, le long du canal de l'infini, tu me regardes. Nous sommes seuls, seuls au milieu des autres. Le monde n'existe plus, autrui n'est plus. Je sens tes os, je sens ta peau. Tu murmures de doux mots, ton cœur crie plus haut. Tes mains parcourent mon corps, mes yeux plongent dans les tiens, j'inhale ton parfum. Ton odeur est celle de la rosée du matin après une folle pluie. Tempête de sentiments, avalanche d'émotions. Il vente tellement, et les nuages forment un trublion. Aucune peur, puisqu'il y a ton odeur. Ma tête plonge dans tes bras merveilleux. Tes doigts glissent le long de mes cheveux. Des étoiles apparaissent lorsque je sens tes lèvres contre les miennes. À cet instant, j'ai tant envie d'être tienne. Je désire tous ces doux moments fous.
Tu plaques ton torse contre mes seins, ton bassin contre mes reins. Mes mains prennent possession de ton corps. Je t'effleure et tu laisses échapper un petit "encore". Ta peau sent mon parfum, et la mienne s'imprègne du tien. Tu me possèdes durant un court instant. À tes côtés, je suis si bien. Tu me pousses à contre vent. Tu m'embrasses au milieu d'une verdoyante prairie. Nos corps s'abandonnent sur l'herbe humide. Dans ma tête résonnent des rêves d'infini. Je ne crois plus être lucide. Je ne vois que toi, je ne sens que toi, je ne veux que toi. En moi. Nous ne sommes que deux enfants, deux êtres insouciants. Qui s'adonnent à des jeux de grands.


Giotto et ses élèves, Rencontre à la Porte Dorée, Anne et Joachim, Chapelle Scrovegni, près de Padoue, 1300 - 1304

Souvenirs

True love never ends.

Ne jamais cesser d'aimer quelqu'un qu'on a aimé. Colette disait toujours qu'on aime vraiment que son premier amour, les autres ne sont ensuite que des figurants.
Tout ce que tu m'as donnée est à jamais dans mon cœur gravé. Tout ce que je t'ai dit, avoué, crié, je ne le dirai jamais à personne d'autre car tu étais le premier.
Je me souviens de la première fois ou tu as tenu ma main, du premier baiser, de la première fois, du jour ou tu m'as dit que j'étais ton rayon de soleil, des surprises que tu me faisais, des chansons d'amour qu'on écoutait ensemble la nuit, des fois ou tu me serrais si fort dans tes bras que j'étouffais, de ton sourire quand on se retrouvait.
Il y a des mots que tu m'as dit que je ne pourrais jamais effacer. J'étais ta princesse, ton ange, ta déesse, ta reine, ta chérie, ton amour, ton cœur.
Ce soir ou tu as voulu me quitter et que tu m'as dit que tu pleurais dans le train et que ce jour-la tu avais réalisé à quel point tu tenais à moi. L'étranger de Camus, c'était toi. Tu ne montrais jamais rien. Je t'ai vu pleurer dans mes bras, je t'ai protégé comme j'ai pu du monde qui nous entourait.
Tant que tu étais la, tout pouvait arriver.
Aimer était vraiment un euphémisme. Je n'aimerai plus jamais ainsi.
Nous avions la date parfaite, c'est terminé depuis plus d'un an. C'est fou comme le temps passe lentement. J'ai fait tellement de choses sans toi pourtant, mais depuis que tu es parti, je n'ai jamais recommencé à aimer. Une partie de moi ne t'a pas encore oublié, un morceau de mon cœur est encore dans notre histoire. Je ne veux pas aimer à nouveau un autre homme car je reproduirais les mêmes erreurs.

Tu resteras ma plus belle histoire.

J'aurais voulu rester ta vague et toi mon ouragan pour voguer infiniment sur l'océan.


Personne ne me connaîtra jamais comme tu me connais.


jeudi 10 juillet 2014

Mademoiselle Litchi


Jolie jeune fille errant dans la nuit,
La demoiselle, à l'air un peu mutin
Évoque les fourberies d'un lutin,
Elle sourit au milieu de l'infini.

Elle craint bien souvent la solitude,
Elle mène une vie parfois rude,
Mais elle se relèvera toujours,
Et luttera follement pour l'amour.

Derrière ses jolis sourires joyeux,
Se cachent de longs instants malheureux.
Tristesse familière, des erreurs,
Lui rappellent encore le mot malheur.

Terrifiée par toutes ces horreurs,
Elle croit néanmoins encore en le bonheur.
Elle dirige bien des troupes rebelles,
Son cœur n'est pas mort, il reste très fort.

Tendre princesse, observe bien tes torts,
Ton existence pourrait être si belle,
Suffit de tendre la main vers demain,
Heureuse tu seras, non pas en vain.



dimanche 6 juillet 2014

Visiteur de la nuit

Dans le noir profond, scintillent les étoiles,
La nuit clémente apporte son tendre lot de joies,
D'autres plus sombres demeurent toujours sans foi,
Bientôt le jour se lève et ôte le doux voile.

Plaintes sempiternelles des nocturnes saisons
Cessent leurs activités pour l'éternité,
L'espace, cet infini insouciant sans maison,
Sans ville docile et sans campagne agitée.

Naissance d'une passion et d'une vision,
Loin des terrifiants ténèbres imaginés,
L'obscurité envahit pourtant les missions,

Le début d'une lutte contre l'éphémère,
"Le temps court" insiste le jeune cavalier,
Le guerrier rattrape d'un vif bond la lumière.