jeudi 14 octobre 2010

Triste existence.

Elle devait s'appeler Sophie ou quelque chose du même genre, de toute manière, son prénom on s'en moquait, on ne cherchait pas à le retenir. Elle passait inaperçue, elle virevoltait au milieu d'une rue sans que personne ne le remarqua. Elle demeurait insignifiante et si peu importante. Chaque mot qui sortait de sa bouche n'était que fumée, personne ne prenait le temps de l'écouter, tout le monde la repoussait, on en riait. On envisageait même que si elle mourrait, l'absence de sa présence ne se ferait pas sentir. Jamais elle ne manifestait une quelconque émotion. Et quand elle parlait, ou du moins quand elle tentait d'exercer avec sa bouche une existence, on l'écartait de la ligne de mire. Nous ne l'aimions pas sans pour autant la hair. Banal être humain qui ne nous intéresse pas. Mais elle, que disait-elle à travers ses silences? Elle devait sûrement rêver à un autre monde, un univers où on lui sourirait et où elle jouirait pleinement de son bonheur. Mais là, était-elle heureuse? Bien sur que non, une ombre ne pouvait rester joyeuse. Une ombre luttait contre le sombre, mélancolique, perdue, disparue, la jeune fille errait puis s'égarait on ne savait trop où puisqu'on ne se renseignait jamais à son sujet. Lorsque les autres folâtraient, elle songeait. Elle devinait que cette affreuse condition qu'on lui infligeait ne s'améliorerait pas. Le meilleur n'était plus envisageable. Elle gambadait, puis, rien. Elle larmoyait. Elle chahutait avec le diable dans un cauchemar macabre. Le spectre du présent rôdait encore. Toujours vivante, bien que terne et sans expression, elle marchait des heures sans connaître la destinée qu'il l'attendait. Elle augurait juste un avenir de demoiselle meurtrie, elle flairait le mal encore et encore. Tourmentée, elle décelait que sa cénesthésie était irremédiable. Elle avait tort mais peu importe, elle s'en rendrait compte un jour ou l'autre, elle les vaincrait tous avec son sourire qu'ils n'auraient plus car elle, cette fille déprimée et effacée que personne n'apercevait, elle aurait réussi là où ils auraient tous abandonné. Elle n'était pas lâche, elle était juste seule. Solitaire à attendre une main qui finirait bien par se tendre et la ramener vers un plus doux chemin.

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