Elle n’était ni
frêle, elle n’était ni belle,
Juste perdue dans un monde inconnu,
Recroquevillée au coin d’une rue
L’esprit ainsi que les idées
s’emmêlent,
Yeux trop maquillés et teint orangé,
Paillettes, puis, du noir.
Impossible d’y croire.
Rêves d’été, de fille émerveillée,
D’une demoiselle désespérée,
Dont les songes n’étaient pas
réalisés.
Il suffisait de voir dans son
miroir.
Glace tâchée, souvenirs envolés.
Un reflet souillé de gouttes de
sang.
Et un paraître loin d’être innocent,
Allant de provocant à aguichant.
La jupe s’envolant avec le vent
Laissait entrevoir son côté vivant,
Femme d’argent ou bien de compagnie,
Gourmandise ou objet de
tentation,
Péchés de la sauvageonne de la nuit,
Ephémérité du doux papillon.
A la pointe de la vulgarité,
Dénudée et rarement habillée
Celle qui garde vos hommes entre ses
griffes
Et qui rend vos maris toujours plus
vifs.
Puis la péripatéticienne s’en va,
Elle est à nouveau seule, à nouveau
las.
Poches fleuries de billets, de
monnaie,
Elle serpente les impasses en
secret.
Il fait jours, elle a peur de cette
horreur
Pourtant chaque soir la même erreur
Elle se déteste mais elle n’y peut
rien.
Elle veut arrêter, ne plus être un
chien.
Alors elle se prend en main, mais en
vain.
Elle noie son chagrin dans dix verres de vin.
Chez un client, elle fait couler un
bain.
Pour une fois, elle décide de la
fin.
Elle s’ouvre et s’autotaille les
veines
Elle vide l’eau et écrit sur son dos
Quatre syllabes, douze lettres, un
mot :
Prostitution.
Gervex, Rolla, 1878, Paris, musée d'Orsay
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire