jeudi 12 juin 2014

Cauchemardesque réalité - 2010

Elle n’était ni frêle, elle n’était ni belle,
Juste perdue dans un monde inconnu,
Recroquevillée au coin d’une rue
L’esprit ainsi que les idées s’emmêlent,


Yeux trop maquillés et teint orangé,
Paillettes, puis, du noir. Impossible d’y croire.
Rêves d’été, de fille émerveillée,
D’une demoiselle désespérée,

Dont les songes n’étaient pas réalisés.
Il suffisait de voir dans son miroir.
Glace tâchée, souvenirs envolés.
Un reflet souillé de gouttes de sang.
           
Et un paraître  loin d’être innocent,
Allant de provocant à aguichant.
La jupe s’envolant avec le vent
Laissait entrevoir son côté vivant,

Femme d’argent ou bien de compagnie,
Gourmandise ou objet de tentation, 
Péchés de la sauvageonne de la nuit,
Ephémérité du doux papillon.

A la pointe de la vulgarité,
Dénudée et rarement habillée
Celle qui garde vos hommes entre ses griffes
Et qui rend vos maris toujours plus vifs.
           
Puis la péripatéticienne s’en va,
Elle est à nouveau seule, à nouveau las.
Poches fleuries de billets, de monnaie,
Elle serpente les impasses en secret.

Il fait jours, elle a peur de cette horreur
Pourtant chaque soir la même erreur
Elle se déteste mais elle n’y peut rien.
Elle veut arrêter, ne plus être un chien.

Alors elle se prend en main, mais en vain.
Elle noie son chagrin dans  dix verres de vin.
Chez un client, elle fait couler un bain.
Pour une fois, elle décide de la fin.
           
Elle s’ouvre et s’autotaille les veines
Elle vide l’eau et écrit sur son dos
Quatre syllabes, douze lettres, un mot :

Prostitution.

Gervex, Rolla, 1878, Paris, musée d'Orsay


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