Elle reste celle avec qui il a entrevu des rêves, une vie meilleure que celle d'un homme de trente ans ne vivant que pour son travail épuisant.
Femme d'un instant à qui il pense souvent. Peut-être l'apercevra-t-il au coin d'une rue, dans un couloir de métro, au fond d'un café.
Coup de foudre.
- Tu te souviens de moi?
- ....
- Je t'ai bousculée l'autre jour aux Champs et j'avais fait tomber ton sac.
- Je me rappelle
Froide, glaciale même elle semblait. Il n'avait pas osé lui dire qu'il la trouvait jolie, qu'elle avait quelque chose de particulier. Envoûté, il n'avait pas pensé à lui demander son nom, ni ses coordonnées. Pris de regrets, il la suivit.
Elle vivait dans un appartement situé près des Buttes-Chaumont. Elle l'aperçut. Etonnée, angoissée, sa bouche demeurait close, ses lèvres ne voulaient se délier. Un inconnu la suivait jusqu'à chez elle. Mais que pouvait-il donc lui vouloir? Elle, cette femme sans histoire, pas mariée, vivant seule avec comme unique occupation sa boutique de prêt-à-porter qu'elle gérait depuis la mort de ses parents.
Une styliste méconnue inspirée par les arabesques et les motifs Art Nouveau. Elle rêvait de se lancer dans la joaillerie et de créer des motifs à la Lalique. Elle était partie à Vienne et avait été fascinée par les tableaux de Klimt. Depuis, elle vouait un culte à l'Art Nouveau.
Il ignorait tout de sa personnalité.
- Que me voulez-vous? Pourquoi m'avez-vous suivie jusqu'ici?
- Je vous trouvais jolie et je voulais discuter.
- Allez vous-en !
Elle eut pitié en voyant son regard dépité. Ses yeux n'étaient plus émeraude mais un diamant terni.
- Venez, allons prendre un café !
Aristide Maillol, Profil de femme, vers 1890, huile sur toile, 73X100cm, Perpignan, musée Rigaud
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire