Assise sur un fagot de bois, elle fumait sa dernière bouffée toxique du soir. De ses lèvres violacées par le vent hivernal sortaient de larges volutes de fumée grisâtre semblables aux chapiteaux des colonnes ioniques. La jeune femme ne se lassait jamais de son passe-temps suicidaire. La cigarette achevée, elle rentra dans son intérieur fort délicat décoré de l'ancien style Art Nouveau.A minuit passé, sous les coups d'un profond ennui, elle ouvrit un livre afin de s'endormir. Cependant, elle ne put le commencer puisque ses pensées l'accaparaient tant qu'elle n'arrivait désormais plus ni à réfléchir ni à se concentrer. C'est pourquoi elle mit en route sa télévision et laissa les chaînes musicales défiler. Confortablement installée sur son sofa rouge, le sommeil la gagna.
Quelques heures après, encore abasourdie par une nuit agitée de cauchemars funestes, le brouhaha habituel de ses voisins bruyants la réveilla. La dormeuse préféra prolonger son séjour dans son lit une partie de la matinée durant laquelle ses draps s'amusèrent à marquer son corps froid. L'âme errante, elle tâtonnait vers sa cuisine afin d'avaler quelques gorgées d'un café préparé à la hâte la veille au soir.
Aujourd'hui, elle ne travaillait pas, elle avait décidé qu'elle passerait la journée emmitouflée sous sa couette. En effet, depuis que l'amant était parti, elle n'avait plus la force d'affronter la vie.
samedi 23 avril 2011
samedi 16 avril 2011
Retour dans le passé par un texte retrouvé.
Papa est parti il y a de cela six ans, de la manière la plus majestueuse qu’il soit. Il s’en est allé alors que personne n’y songeait alors que personne ne le prédisait. Un dimanche soir de juin, il eut mal. Je vis les pompiers arriver, je vis le samu, tout ce qu’il pouvait exister. Tout ce qui pouvait le sauver. Sauf que je savais déjà qu’il était condamné. Il m’était horrible de me l’avouer sauf que je le vivais, je m’en doutais. Je le regardais partir d’une fenêtre des voisins, je le sentais me quitter, m’abandonner. Et puis, maman est arrivée. Elle pleurait. Elle pleure encore, pour cela et pour tout le reste. Elle disait qu’elle voulait nous parler, qu’elle devait. Un médecin à sa droite l’accompagnait sauf qu’elle aussi avait les larmes qui coulaient le long de ses joues roses. Maman mit du temps à prononcer ses mots, ils étaient douloureux, je les connaissais d’avance. Alors j’ai pleuré. Et je pleure toujours. Pour lui, pour elle, pour ma vie, pour mes peurs. Je l’ai fixé, elle nous promettait qu’elle se battrait, qu’on s’en sortirait même sans père. Je crois qu’au fond, je n’ai réalisé que le lendemain ce que ça allait provoquer. La nuit, je n’ai pas fermé l’œil. Je me suis contentée d’attendre, de patienter comme si la souffrance passerait et qu’on me crierait qu’il était là vivant et non pâle comme tout à l’heure. Je l’ai vu juste après sa mort. Le visage morne, les yeux clos, sans vie, mort, décédé, aucune flamme ne pouvait le rallumer. Cette image me revient les jours où le manque est plus fort, le jour où je sais que je dois me battre. Dans un premier temps, j’ai voulu oublier, délaisser son décès, penser à autre chose. Mais tout est revenu un jour, ça devait revenir. J’en ai d’abord voulu à maman, puis à moi-même, j’ai tout essayé, j’aurais aimé mourir aussi, le retrouver, perdre la vie à mon tour et retrouver un certain équilibre grâce à la mort. J’ai accepté ma faiblesse, j’ai admis ne plus être capable d’être seule dans mon malheur et je me suis faite aider. Dans un second temps, je me suis battue. Je voulais continuer mes progrès. Il y a un mois maman est tombée malade. Je ne sais pas comment le supporter, je le vis mieux, sans doute grâce à Romain. Toutes mes idées ont accouru. Je voulais mourir, encore. Je ne peux pas par respect. Sauf que certains jours sont parfois des calvaires mais tant pis, je me dis que je n’ai pas le choix, que je dois le vivre, que c’est la vie. Même si c’est dur.
vendredi 15 avril 2011
Hommage au quotidien dépressif par un centième post.
D'abord, je me suis réveillée. Il était midi et je me suis dit, tant pis. Oui, j'allais encore être en retard. J'avais encore oublié notre rendez-vous. Non, je n'avais pas fait exprès. Oui, je mentais. J'annulais nos sorties afin de ne plus te voir. Je prétextais des soucis familiaux, des problèmes de mécanique, des heures de sommeil manquées et du travail qui m'exténuait. J'effectuais toujours la même danse, je fredonnais encore le même refrain, si répétitif et inutile qu'il soit. Je voulais que tu te lasses, que tu m'oublies, que tu te dises qu'il fallait lâcher l'affaire, que c'était fini. J'en avais marre de jouer au chat et à la souris, au "je t'aime moi non plus" et à "suis-moi je te fuis, fuis-moi je te suis". Alors je me suis douchée, j'ai pris mon petit-déjeuner et je suis remontée me maquiller. De longues minutes se sont écoulées devant mon miroir sale. Je ne faisais plus le ménage, je n'avais plus le courage. J'ai cherché ma trousse de maquillage, elle était coincée derrière quelques magazines féminins et sous les vieux CDs qu'on écoutait ensemble. Je me suis rappelée du passé, de ta présence, de ta beauté, de ton manque, de ton absence, de ses conséquences... Puis, j'ai séché mes larmes et j'ai sorti mon mascara desséché, mes cils ne voulaient plus s'allonger. J'ai retrouvé de la poudre et j'ai tenté d'unifier mon teint, en vain. Je m'étais trop laissée aller ces derniers mois... Je ne te voyais plus car je ne le souhaitais plus alors le soir c'était pizza. J'avais grossi. Mon jean me serrait donc je me suis changée. Pendant vingt minutes, j'ai fouillé tout mon placard. J'ai déniché au fond de l'armoire une robe beige et une paire de collants. Je les ai enfilés mais ça ne me convenait pas. Tant pis. J'avais tout essayé. Maintenant, je devais me coiffer. Cette étape aussi, je m'en serais volontiers passée. Déjà quatorze heures et on avait rendez-vous à midi et demi. Dix appels manqués. Tous de toi. Tu en avais marre d'attendre, tu étais rentré. Un peu déçue, tellement envie que tu continues... Je n'assumais pas cette dispute, je n'assumais pas cette rupture, je désirais renier tout le mal que je t'avais fait, toutes les fringues que je t'avais piqué. Tu ne réalisais pas que j'avais besoin de ton odeur dans mon appartement. Même si elle valait cent trente euros et se nommait Burberry. Je m'étais décidée à te rappeler. Oui mais je flippais que tu sois encore avec l'autre pouf' qui m'avait déjà remplacée. Je composais le numéro, j'entendais la connexion s'établir... Tu répondais de ta voix grave magnifique que j'appréciais tant. Je te proposais de venir chez moi. Tu acceptas. Evidemment, l'autre garce ne devait pas s'apercevoir de ta minime disparition. Evidemment, quand tu as raccroché, je me suis mise à pleurer. Evidemment quelques minutes après tu es arrivé. Tu restais si froid, pas un geste, pas un regard, pas une parole tendre. Je te détestais. Je te haïssais de l'aimer elle et pas moi. Je croyais encore tellement à cette fichue histoire de prince charmant. Tu ne m'as même pas demandée si ça allait parce que ça crevait les yeux que ça n'allait pas, j'étais bourrée de médocs, je m'amusais à faire semblant mais tu voyais clair dans mon jeu et c'était le plus douloureux. Je t'ai proposé un thé mais tu l'as refusé, tu étais pressé. Tu ne souhaitais pas rester. La seule phrase que tu as su me dire se résumait à une histoire compliquée qui devait se terminer. Sauf que tu as changé les draps. Sauf que tu as ouvert les fenêtres pour aérer. Sauf que tu as enlevé toutes les photos de nous deux. Sauf que tu as supprimé nos dossiers musique, photo et vidéo de ma session d'ordinateur. Sauf que tu m'as rendue tes clefs. Sauf que tu ne m'as pas embrassée. Après, tu m'as avouée que tu ne m'aimais plus, que tu ne voulais plus jamais avoir de contact avec moi, même pas qu'on reste amis puisque c'était elle que tu aimais. Pour finir, tu as pris ton écharpe et le reste de tes habits et tu es parti.
jeudi 14 avril 2011
Le prochain, c'est le centième.
Je suis là devant l'écran de mon ordinateur portable avec Led Zeppelin en fond sonore et son majestueux Stairway to Heaven. Chaque matin, le même cinéma. Toujours la larme au coin de l'oeil qui pointe le bout de son nez. Ta manière bien personnelle de te manifester. Sept ans que ça dure, sept ans que j'endure. Tu n'avais pas le droit. Pas le droit de partir. Pas le droit de me laisser seule. Je ne t'en veux pas, comment en vouloir à quelqu'un qui n'a pas choisi de mourir... Mais j'avance dans un futur sans avenir, dans une vie sans objectif. Je souhaitais le bonheur tardif, être heureuse plus tard sauf que sa maladie a tout remis en cause. Tout s'est brouillé à nouveau comme après ton décès. Ramène-moi dans un chemin plus clair, montre-moi les portes du paradis et prouve-moi que je peux encore sourire sans toi. De toute manière, ma force je la tire de ton absence. Puisque je n'ai plus ta présence je me dois d'honorer le peu qu'il me reste, sois fière de moi. S'il te plait. C'est la seule chose qui compte parce que tu es la personne qui a le plus influencé ma vie et qui a fait de moi la fille que je suis...
mardi 5 avril 2011
Je n'ai pas senti l'évolution.
Et puis, tu reviendras. Tu me prendras dans tes bras. Tu me diras que j'ai encore dix ans. Tu me crieras que maman est en bonne santé. Tu ne repartiras pas. Tu vivras éternellement, tu seras immortel. Tu resteras sur Terre parce que je l'aurai tellement souhaité que personne n'aura plus jamais le droit de t'enlever à moi. Tu m'avoueras que toute cette horreur n'était qu'un atroce cauchemar. J'aurai rêvé, songé que tu mourais, pensé que tu me quittais que seule une nuit s'était écoulée. Je voudrais tellement croire que demain en me réveillant tu seras présent... Je voudrais tellement que tu sois là. Mais je dois me rendre à l'évidence. Une nuit ne peut durer sept ans. C'est juste un soir qui ne finit pas, une journée qui ne se termine pas. J'aimerais ne plus pleurer à cause de ton absence sauf que je ne supporte toujours pas ta mort. Je n'ai pas fait le deuil. Je n'arrive pas à évoluer, je ne parviens pas à dépasser toute cette souffrance accumulée. Le pire accompagne sa maladie avec l'angoisse d'une fin similaire à la tienne comme si le destin s'acharnait sur moi. Je veux que tu reviennes, offre moi juste ce cadeau-là, celui de te dire adieu...
dimanche 3 avril 2011
Dis, c'était comment la vie avec toi?
Dis, c'était comment la vie avec toi? Oui, je te le demande car je ne me rappelle que de la vie où tu n'y es pas. Je ne peux pas te dire que c'est nul, que je broie du noir tous les soirs et que je demeure très déprimée depuis ton décès parce que c'est faux. Je surmonte à mon échelle ma souffrance. Tu es parti trop vite et j'étais trop petite. Sept ans, presque la moitié de ma vie et plus de la moitié de la sienne. Elle a mal mais ne le dit pas, à ton image, elle ne dévoile rien. Mais ce n'est tellement pas évident de prononcer ton nom ou bien de t'évoquer au présent, tout est si lointain désormais. Je n'avais jamais songé à cette fin. Je n'avais jamais pensé que tu pouvais t'en aller. A dix ans, on ne peut pas croire qu'on va nous enlever ce qu'on a de plus cher car on est encore persuadé qu'il y a une justice sur Terre. Apparemment non. Je voulais écrire de belles phrases en ton hommage, honorer une dernière fois ton image par cette page mais je doute d'en être capable. Tout ce que je suis capable de te dire c'est que tu es la raison de mon combat. Je veux être la meilleure pour toi. Pour toute cette force que tu me donnes. J'ai besoin que tu reviennes, tant besoin de ta présence, de tes conseils. Je suis lassée de te parler virtuellement et d'imaginer que tu es mon ange gardien, que tu me protèges du monde. Je voudrais juste que tu sortes de ton cercueil pour me dire que tu m'aimes et que d'où tu es tu veilles sur nous trois, que tu ne nous abandonnes pas. Je crois que le pire dans toute cette histoire c'est que je ne me rappelle même plus de ce que la vie pouvait être auprès de toi. Laisse-moi juste une fois redevenir la gamine insouciante et innocente... S'il te plait.
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