samedi 16 avril 2011
Retour dans le passé par un texte retrouvé.
Papa est parti il y a de cela six ans, de la manière la plus majestueuse qu’il soit. Il s’en est allé alors que personne n’y songeait alors que personne ne le prédisait. Un dimanche soir de juin, il eut mal. Je vis les pompiers arriver, je vis le samu, tout ce qu’il pouvait exister. Tout ce qui pouvait le sauver. Sauf que je savais déjà qu’il était condamné. Il m’était horrible de me l’avouer sauf que je le vivais, je m’en doutais. Je le regardais partir d’une fenêtre des voisins, je le sentais me quitter, m’abandonner. Et puis, maman est arrivée. Elle pleurait. Elle pleure encore, pour cela et pour tout le reste. Elle disait qu’elle voulait nous parler, qu’elle devait. Un médecin à sa droite l’accompagnait sauf qu’elle aussi avait les larmes qui coulaient le long de ses joues roses. Maman mit du temps à prononcer ses mots, ils étaient douloureux, je les connaissais d’avance. Alors j’ai pleuré. Et je pleure toujours. Pour lui, pour elle, pour ma vie, pour mes peurs. Je l’ai fixé, elle nous promettait qu’elle se battrait, qu’on s’en sortirait même sans père. Je crois qu’au fond, je n’ai réalisé que le lendemain ce que ça allait provoquer. La nuit, je n’ai pas fermé l’œil. Je me suis contentée d’attendre, de patienter comme si la souffrance passerait et qu’on me crierait qu’il était là vivant et non pâle comme tout à l’heure. Je l’ai vu juste après sa mort. Le visage morne, les yeux clos, sans vie, mort, décédé, aucune flamme ne pouvait le rallumer. Cette image me revient les jours où le manque est plus fort, le jour où je sais que je dois me battre. Dans un premier temps, j’ai voulu oublier, délaisser son décès, penser à autre chose. Mais tout est revenu un jour, ça devait revenir. J’en ai d’abord voulu à maman, puis à moi-même, j’ai tout essayé, j’aurais aimé mourir aussi, le retrouver, perdre la vie à mon tour et retrouver un certain équilibre grâce à la mort. J’ai accepté ma faiblesse, j’ai admis ne plus être capable d’être seule dans mon malheur et je me suis faite aider. Dans un second temps, je me suis battue. Je voulais continuer mes progrès. Il y a un mois maman est tombée malade. Je ne sais pas comment le supporter, je le vis mieux, sans doute grâce à Romain. Toutes mes idées ont accouru. Je voulais mourir, encore. Je ne peux pas par respect. Sauf que certains jours sont parfois des calvaires mais tant pis, je me dis que je n’ai pas le choix, que je dois le vivre, que c’est la vie. Même si c’est dur.
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