vendredi 15 avril 2011
Hommage au quotidien dépressif par un centième post.
D'abord, je me suis réveillée. Il était midi et je me suis dit, tant pis. Oui, j'allais encore être en retard. J'avais encore oublié notre rendez-vous. Non, je n'avais pas fait exprès. Oui, je mentais. J'annulais nos sorties afin de ne plus te voir. Je prétextais des soucis familiaux, des problèmes de mécanique, des heures de sommeil manquées et du travail qui m'exténuait. J'effectuais toujours la même danse, je fredonnais encore le même refrain, si répétitif et inutile qu'il soit. Je voulais que tu te lasses, que tu m'oublies, que tu te dises qu'il fallait lâcher l'affaire, que c'était fini. J'en avais marre de jouer au chat et à la souris, au "je t'aime moi non plus" et à "suis-moi je te fuis, fuis-moi je te suis". Alors je me suis douchée, j'ai pris mon petit-déjeuner et je suis remontée me maquiller. De longues minutes se sont écoulées devant mon miroir sale. Je ne faisais plus le ménage, je n'avais plus le courage. J'ai cherché ma trousse de maquillage, elle était coincée derrière quelques magazines féminins et sous les vieux CDs qu'on écoutait ensemble. Je me suis rappelée du passé, de ta présence, de ta beauté, de ton manque, de ton absence, de ses conséquences... Puis, j'ai séché mes larmes et j'ai sorti mon mascara desséché, mes cils ne voulaient plus s'allonger. J'ai retrouvé de la poudre et j'ai tenté d'unifier mon teint, en vain. Je m'étais trop laissée aller ces derniers mois... Je ne te voyais plus car je ne le souhaitais plus alors le soir c'était pizza. J'avais grossi. Mon jean me serrait donc je me suis changée. Pendant vingt minutes, j'ai fouillé tout mon placard. J'ai déniché au fond de l'armoire une robe beige et une paire de collants. Je les ai enfilés mais ça ne me convenait pas. Tant pis. J'avais tout essayé. Maintenant, je devais me coiffer. Cette étape aussi, je m'en serais volontiers passée. Déjà quatorze heures et on avait rendez-vous à midi et demi. Dix appels manqués. Tous de toi. Tu en avais marre d'attendre, tu étais rentré. Un peu déçue, tellement envie que tu continues... Je n'assumais pas cette dispute, je n'assumais pas cette rupture, je désirais renier tout le mal que je t'avais fait, toutes les fringues que je t'avais piqué. Tu ne réalisais pas que j'avais besoin de ton odeur dans mon appartement. Même si elle valait cent trente euros et se nommait Burberry. Je m'étais décidée à te rappeler. Oui mais je flippais que tu sois encore avec l'autre pouf' qui m'avait déjà remplacée. Je composais le numéro, j'entendais la connexion s'établir... Tu répondais de ta voix grave magnifique que j'appréciais tant. Je te proposais de venir chez moi. Tu acceptas. Evidemment, l'autre garce ne devait pas s'apercevoir de ta minime disparition. Evidemment, quand tu as raccroché, je me suis mise à pleurer. Evidemment quelques minutes après tu es arrivé. Tu restais si froid, pas un geste, pas un regard, pas une parole tendre. Je te détestais. Je te haïssais de l'aimer elle et pas moi. Je croyais encore tellement à cette fichue histoire de prince charmant. Tu ne m'as même pas demandée si ça allait parce que ça crevait les yeux que ça n'allait pas, j'étais bourrée de médocs, je m'amusais à faire semblant mais tu voyais clair dans mon jeu et c'était le plus douloureux. Je t'ai proposé un thé mais tu l'as refusé, tu étais pressé. Tu ne souhaitais pas rester. La seule phrase que tu as su me dire se résumait à une histoire compliquée qui devait se terminer. Sauf que tu as changé les draps. Sauf que tu as ouvert les fenêtres pour aérer. Sauf que tu as enlevé toutes les photos de nous deux. Sauf que tu as supprimé nos dossiers musique, photo et vidéo de ma session d'ordinateur. Sauf que tu m'as rendue tes clefs. Sauf que tu ne m'as pas embrassée. Après, tu m'as avouée que tu ne m'aimais plus, que tu ne voulais plus jamais avoir de contact avec moi, même pas qu'on reste amis puisque c'était elle que tu aimais. Pour finir, tu as pris ton écharpe et le reste de tes habits et tu es parti.
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