Au premier coup d’œil, au premier regard, elle l’avait retourné dans son jean usé. La musique de ses oreilles s’était coupée. La folie du moment, l’éphémérité de l’instant et la beauté de la proie. La chasse est ouverte. Le trappeur en plein maquis, paumé dans la garrigue s’était enfilé quelques Heineken pour ne plus songer à sa viande, à cette chair appétissante sauf qu’il n’avait pas pu, comme le jour cède à l’appât du gain il avait cédé à l’envie. Il chahutait dans des rêves absurdes, elle le rejoignait, courait vers lui et s’engouffrait dans son lit. Une vodka gin à la main, il ouvre ses yeux bleus, vous savez ceux qui sont tout dilatés par l’alcoolisme. Pourtant ce gars-là, c’était la jeunesse, tout droit sorti d’une production disney juste il avait son air à la Pete Doherty et le style un peu grungy avec le boxer pull in à fraises qui dépasse du bleach. Il la matait, le désir d’en faire son goûter, la framboise à croquer. Il faut dire qu’elle n’était pas belle. Ni moche. Juste un charme fou. Trop mince, perdue un peu à la Kate Moss et autres mannequins rachitiques dans le côté toxico dépressive. La bouche nude, le teint frais et le smocky noir. Avec sa microrobe et ses docs, on aurait dit une adolescente attardée, la fille qui refusait d’admettre sa puberté et sa féminité. Sauf que le jeune homme sur la chaise dont l’osier ressortait, il en était médusé. Elle le happait. D’une paille, elle aurait aisément pu l’avaler, il ne voulait que ça. Tortillant sur son siège, excité comme un chien près d’une femelle en chaleur face à une potentielle concubine. Seule, à une table ronde, elle sirotait un cocktail explosif le genre d’aphrodisiaque auquel il n’aurait pas su résister. Be mine. Deux mots à lui hurler qu’il ne faisait que murmurer. Il se leva, rassembla son portable, ses clefs et ses billets en vrac dans son sac de marque, s’approcha d’elle. Ils firent connaissance. Elle riait. D’un rire de bourrée. Il lui avait offert un, puis deux, enfin trois, vous voyez, verres. Il était encore plus saoul qu’elle. Fermeture du bar. L’obligation de se quitter. Rêve de passer une nuit à ses côtés. Elle accepta volontiers de toute manière, elle n’était plus en état.
S’apercevant de sa connerie le lendemain matin vers quatorze heure, elle le soufflèterait et prendrait ses clics et ses clacs une camel aux lèvres.
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