jeudi 15 juillet 2010

C'est le genre d'histoire dont rêvent les petites filles et qui ne se produisent jamais.

Je suis là, comme une gamine de dix ans à l'espionner, à scruter les moindres parties de son corps, à l'affût, dans l'espoir de l'entrevoir un peu plus. Il ne me remarque même pas. Fabulation. C'est impensable qu'en deux heures de temps, il n'ait pas posé les yeux sur moi, rien qu'une seule fois, forcément, il a du le faire, par inadvertance sans doute. J'ai honte, je me sens confuse et embarrassée, pour quel type de filles vais-je passer? Et c'est le regard embué de larmes, le khôl coulant, les cils tombant, la bouche au sourire du clown triste, les joues de la couleur des flammes que je me résigne à rebrousser chemin. Sauf que je l'aime, je meurs d'amour pour lui, je crève, je me tue à sa vue... L'amoureuse aigrie que je suis ne peut s'avouer vaincue. Alors, je continue. Je m'en vais frôler la mort, me frotter de plein fouet avec le danger... Je me dissimule derrière un des bouleaux du parc. Je tends la tête, louche sur sa chevelure brune fournie et robuste, sur son nez fin, sur sa tenue parfaite. Il porte un de ses fameux jeans slims qui lui vont à ravir, le noir qu'il avait le jour où nous nous étions rencontrés, à l'époque où je n'avais pas besoin d'être derrière un arbre pour admirer sa beauté. Son cardigan gris et sa chemise blanche fraichement repassée avec sa cravate noire, ses derbies foncées. Il quitte sa place, marche, s'avance, on dirait qu'il vient vers moi... Il se dirige vers ma cachette, me tape sur l'épaule. Je ne comprends pas, je suis effrayée de ce qu'il va dire, je me comporte comme une enfant et maintenant, je n'assume plus rien. Puis, je fonds, je craque, ça en est trop, sans même qu'il ne dise un mot, j'éclate en sanglots. Il s'empare de ma tête, serre contre son torse mon visage tout mouillé et me dit qu'il m'aime encore. Je suis pétrifiée. Et s’il mentait? Je n'ai plus confiance, je suis dingue de lui, j'en raffole, je ne sais plus comment agir ni que faire. Je lui avoue tout, les mots sortent tout seuls, je ne les contrôle plus. Face à face avec la perte de mes moyens, il s'aperçoit que je suis sensible, que je suis fragile, que je ne suis pas uniquement la fille aux robes courtes avec les sous-vêtements affriolants, que j'ai un cœur. Il me dit qu'il m'aime. Je lui réponds que moi aussi mais que mon amour le détruira comme il l'a détruit une fois, qu'il ne cautionnera pas ma folie, ma jalousie. Il m'affirme que si, qu'il supportera. J'ajoute à sa réponse que je voudrais y croire sauf que je n'y crois plus. Il part. Puis, il réapparait. Un bouquet de marguerites à la main. Je frissonne sous l'effet d'une brise légère mais dynamique. Je cède, je fléchis, je m'effondre, saute à son cou et l'embrasse. Il renchérit par une phrase que je n'oublierai jamais "Ce n'est pas ton image que je veux, ce n'est pas ce que tu montres aux autres, ce n'est pas ton corps; ce que je veux, c'est ton cœur.". Alors ma jupe noire vole, mes orteils font des bonds dans mes converses et mon bustier descend. Je suis bien. Heureuse et amoureuse.

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